Ceci revient à demander si la "Révolution par les urnes" est seulement possible.
Farouche sympathisant du Front de Gauche pour ces élections présidentielles, je m'interroge cependant ici sur sa stratégie. Car l'on peut bien soutenir un programme, mais s'en détourner par manque de conviction sur sa capacité à être adopté. Les supporters de "petits" partis savent de quoi je parle, qui ne croient pas en leur chance de gagner les élections, mais souhaitent "peser" sur les "grands" candidats. De même, les "pragmatiques" du "vote utile dès le premier tour" agissent selon ce principe.
Poussé au bout de sa logique, le vote pourrait donc se passer de premier tour et démarrer par la finale, ainsi qu'il en est par exemple aux Etats-Unis, où ni le Front de Gauche, ni le FN, n'auraient de chance d'être élus. C'est ce que l'on appelle le bi-partisme, et ressemble plus à une nomination qu'un vote, surtout si l'on considère les sommes engagées dans ces élections.
En France, les puissants admettent le pluralisme politique, mais seulement au premier tour des élections présidentielles. C'est pourquoi les scrutins proportionnels y sont rares, sinon inexistants; c'est pourquoi le mode électif a peu de chance de changer un jour par la voie électorale...
C'est de ce constat que sont nés le RPR puis l'UMP: la droite divisée perdait les élections contre un PS devenu "plus grand parti libéral de France"; réunies, les droites au pouvoir poursuivent la plupart des réformes souhaitées par le MEDEF. La logique est imparable; il n'y a plus par conséquent de place pour deux partis à gauche non plus.
Mais, en admettant que le FdG atteigne le deuxième tour, il est certain que le centre et la droite feront bloc contre lui au second tour, de même que la gauche avait empêché JM Le Pen de gagner les présidentielles en 2002.
Le seul parti qui appelle au renouveau démocratique, à l'opposé du bi-partisme dans lequel l'UMP et le PS veulent nous conduire, n'a donc aucune chance de prendre le pouvoir pour le rendre au peuple en une VIe république. La "Révolution par les urnes" prônée par le FdG n'aura pas lieu.
A moins que...
L'échec de l'UMP aux présidentielles en 2012 aboutit à son implosion. La disparition de N. sarkozy du paysage politique, laisse place à une querelle de chefs entre J-F. Copé, F. Fillon, A. Juppé, F. Bayrou et M. Valls, qui, chacun à la tête de son parti, se retrouvent parfois, selon une stratégie politique compliquée, au sein du Front Libéral nouvellement créé.
La victoire de F. Hollande en mai 2012, avec un taux d'abstention record de 45% des inscrits, contre un JL Melenchon parvenu au second tour emportant 42% des suffrages exprimés, oblige le PS à "gauchiser" ses réformes, et à proposer pour les législatives une meilleure représentativité nationale en adoptant le scrutin proportionnel.
Gens de gauche, laissons donc le vote "anti-Sarkozy" profiter à F. Hollande, et votons pour nos convictions. Si elle ne changent pas le monde par les urnes, elles finiraient par l'emporter par la force!
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