Les jeux seraient-ils faits? Les sondages sont tellement unanimes et tranchés que tout le monde sait depuis longtemps que le "Petit Nicolas" et "Flamby" occuperont le débat du deuxième tour.
Mais... si les électeurs n'en faisaient qu'à leur tête?
Si "Libé" (PS) et le "Fig" (UMP), "TF1" (UMP+) et "FR2" (PS?), IPSOS et IFOP, ne représentaient finalement que les intérêts qu'ils défendent?
Si les citoyens étaient plus curieux que ce que l'on nous laisse croire? S'ils consultaient le documentaire « Les Nouveaux Chiens de Garde » ou le livre « l'Oligarchie des incapables » ? S'ils étudiaient consciencieusement les programmes des candidats? Et s'ils avaient lu ou entendu les Économistes Atterrés?
Ceux-la auront du mal à croire aux mesures très proches et peu innovantes préconisées par l'UMP ou le PS... Il en faut peu pour que le doute s'installe. La "pensée unique" est difficile à relayer lorsque même l'UMP admet qu'il faut "réguler" les marchés...
Partons des résultats du 1er tour des élections présidentielles en 2007 pour tenter une projection.
Les nouveautés en 2012:
- NS a un bilan, considéré par beaucoup comme catastrophique,
- Le vieux Le Pen est remplacée par sa fringante descendante qui abandonne la chemise brune de son père,
- l'UMP s'est encore décalée à droite, laissant une place au "centre" (-droit) (6 candidats...),
- Le PS est également décalé à droite, avec la désignation de FH suite aux primaires,
- La candidate EELV ne "passe" pas auprès du public et est plombée par l'appareil de son parti,
- La Gauche anti-libérale est rassemblée au sein du Front de Gauche, pour la première fois depuis... toujours!
- Les causes de la crise financière mondiale de 2008, ainsi que ses conséquences, sont de mieux en mieux connues, démontrant l’échec des politiques libérales,
- L'exemple de la Grèce voisine, enfoncée par les plans d’austérité depuis 2009, sème le doute, pour le moins, quant à leur efficacité.
- Le FN connaisse une embellie significative. Créditée de 20% d'intentions de vote depuis plusieurs semaines, MLP devrait donc remporter les suffrages de deux millions d’électeurs en plus de son père. Même avec les déçus du sarkozysme, cela me parait bien difficile...
- L'UMP soit le grand perdant de ce premier tour. Plombé par son bilan, les affaires et les dissensions internes de son parti, cerné par un FN revigoré et un centre droit sur-représenté par ses 6 candidats, le candidat UMP aura bien du mal à passer le premier tour, malgré le niveau des sondages actuels dont on se demande l'origine... Il est clair qu'une propagande de grande ampleur se joue actuellement autour de NS, et que, nonobstant son art de la campagne électorale, sa défaite s'annonce cuisante.
- Le centre-droit soit le recours de la droite modérée. En revanche, avec 6 candidats, et malgré la suprématie d'un FB renaissant de ses cendres à chaque élection présidentielle, ce serait la grande surprise de ces élections s'il accédait au second tour.
- Le PS accède non seulement au second tour, mais également à la victoire finale, sauf si... Car la machine à perdre du PS tourne à plein régime: plan de gestion en guise de programme, candidat tellement consensuel qu'il est flou comme une photo de David Hamilton, affaires des Fédérations, siège de campagne installé dans un hôtel particulier du quartier le plus chic de Paris... Les mailles du filet du candidat du "rassemblement" sont tellement larges pour ne fâcher personne qu'elles pourraient bien laisser passer les petits poissons, les plus nombreux...
- La candidate EELV ne parvienne pas au bout de la campagne électorale. Issue de primaires caricaturales, malmenée par ses opposants mais également par l'appareil de son propre parti, respectée dans ses fonctions de juge intègre mais handicapée par un accent rappelant à chaque instant ses origines étrangères, peu aidée par une actualité dominée par l’économie, créditée d’à peine 3% d'intentions de vote en ce mois de janvier, EJ ne parvient pas non plus à susciter les débats autour de ses maigres propositions! A moins d'une nouvelle catastrophe nucléaire doublée d'une pollution industrielle majeure, elle aura bien du mal à tenir la distance du marathon électoral.
- Le Front de Gauche crée la surprise en ce premier tour. Seul candidat crédible de ce que certains appellent la "vraie" gauche, doté d'un programme radical mais répondant clairement aux défis de l’économie "financiarisée" et "destructrice" de la planète, JLM a fait le ménage sur sa gauche, et pourrait profiter du recentrage du PS vers la droite, pour profiter ainsi, sinon d'un boulevard, du moins d'une belle avenue vers le second tour. Or qu'en est-il? Plafonnant aux environs de 6-7% dans les sondages, encore taxé de populisme par les médias dominants lorsqu'il n'est plus (enfin!) associé au FN, peu de gens font le pari du Front de Gauche, au profit d'un vote "utile" défendu par le PS. Mais rappelons-nous que "peu de gens" pariaient sur la victoire du "NON" au referendum sur le Traité de Constitution Européenne, et encore moins sur la défaite de Jospin en 2002...
Le PS et le FdG atteindraient ainsi le second tour, grâce notamment à l'effondrement de l'UMP. C'est un scenario, évidemment critiquable, mais crédible. Il apparait également que les cinq grands courants politiques seraient, chacun, proches des 20% des suffrages. La qualification pour le second tour ne tiendra donc sans doute qu'à un fil!
Et si, au second tour, François Hollande devait défendre un programme crédible contre celui du FdG? Même si l'on peut compter sur la droite pour empêcher le scenario gagnant de ce dernier, un second tour "à gauche toute" serait une avancée formidable, non?
Explications/Analyse de mes projections 2012:
- Votants: en hausse, mais moins rapide que celle des inscrits.
- Abstention+Bulletins blancs: en hausse pour atteindre 20% des inscrits (17,43% en 2007) et refléter ainsi la distance que prennent les citoyens avec la politique.
- Vote FN: +1,7M de votes vs. 2007, correspondant à 1/3 des déçus du Sarkozisme. Ambitieux mais possible. Merci NS, Guéant, Hortefeux, Woerth, MAM, ...
- FdG: double ses suffrages vs. 2007 où il n'existait pas. Et justement parce qu'en 2007 la gauche anti-libérale était dispersée, peu lisible et mal incarnée. L’hypothèse nécessaire à l'obtention de ce résultat= le FdG capte l’équivalent de ses voix de 2007 + 40% de celles de Ségolène Royal... Loin d’être impossible à mon avis.
- UMP: ne "fait" que 50% de ses suffrages 2007. Les voix perdues sont réparties de façon égale vers le FN, le Centre et le PS. 1 déçu de 2007 sur 2 votants, serait-ce si étonnant? Combien ont regretté leur crédulité du "travailler plus pour gagner plus"? Qui peut croire que le "Président des riches" peut réellement affranchir notre pays de la main-mise des marchés malgré ses gesticulations de dernière minute? Seule la "combinazione" des médias et sondeurs en faveur du Président explique le niveau actuel de son crédit. Tiendra-t-elle jusqu'en avril?
- PS: renouvelle son score de 2007, mais en perdant 40% des électeurs de Ségolène Royal convertis au FdG, et en gagnant 30% des électeurs de Bayrou en 2007 ainsi que 1/3 des déçus du Sarkozisme. Réaliste, non?
- Centre: cette configuration (centre rassemblé alors qu'il est représenté par 6 candidats) est la plus défavorable pour ses concurrents immédiats (FN, FdG et UMP) en vue du second tour. Crédité des suffrages 2007 moins 30% (les centristes qui n'avaient pas voulu se prononcer en faveur de Ségolène Royal mais trouvent Hollande acceptable) et d'1/3 des déçus du Sarkozisme. C'est donc le score maximum que j'accorde à Bayrou, si ses concurrents (Morin, Villepin, Boutin, Lepage, Dupont-Aignan)
se maintiennent jusqu'ense désistent d'ici avril. - EELV: les inconnues sont nombreuses pour ce parti qui réunit 16% des suffrages aux Européennes de 2009, et 12% aux régionales 2010... Mais la première d'entre elles est sa candidate aux Présidentielles. Eva Joly ne parvient pas à cristalliser les forces de son parti qui a négocié par ailleurs les investitures des législatives. Je ne crois pas à son succès, et ne lui accorde même pas les voix obtenues par Dominique Voynet en 2007.
"PS: renouvelle son score de 2007, mais en perdant 40% des électeurs de Ségolène Royal convertis au FdG, et en gagnant 30% des électeurs de Bayrou en 2007 ainsi que 1/3 des déçus du Sarkozisme. Réaliste, non?"
RépondreSupprimerNon, je ne pense pas : pour moi, beaucoup de gens votent pour Bayrou car ils en ont marre qu'on leur présente l'élection comme le choix entre PS et UMP. Je ne pense pas que Bayrou perde des voix par rapport à 2007. Mais on ne sait jamais.
De même, les déçus du sarkozysme ne se répartiront à mon avis pas équitablement entre PS, Centre et FN. Je dirai plutôt 50% pour le centre et le reste entre PS et FN.
La plupart des candidatures du centre sont déjà mortes, et Bayrou est de nouveau "le seul crédible au centre".
Plutôt qu'un deuxième tour "à gauche toute" entre Hollande et Mélanchon, je verrais plutôt (si les français éteignent leurs télés d'ici là) un deuxième tour Mélanchon Bayrou. Ce serait beau d'ailleurs ;-)
D'ailleurs on peut débattre : Hollande est-il vraiment plus à gauche que Bayrou ? Pas sur...
Bref, à suivre !