Pendant longtemps je n'ai rien compris à la politique, encore moins à l'économie. De sensibilité libertaire, tour ce qui représente une autorité quelconque, m'est a priori suspect.
En 2001, j'avais perdu l'enthousiasme de mes débuts, dix ans plus tot; cadre aux services d'une multinationale américaine qui avait définitivement basculé vers une gestion purement financière, au détriment de toute perspective industrielle qui avait pourtant fait sa gloire, je commençais à m'interroger sur le sens de mon travail.
Et puis, il y eut le 11 septembre. Chute des tours jumelles; américains KO debout ; monde "occidental" partagé entre l'esprit de vengeance et la stupefaction. S'ensuit une série de décisions politiques aussi absurdes qu'injustifiées: mon incompréhension passe mon seuil de tolérance!
Dix ans plus tard, je ne regarde plus la télévision, n'achète plus Libération, Le Monde, ou même Marianne que pour mieux les décrypter; leurs plans de communication m'apparaissent clairement; ils sont enfin transparents.
Il m'a fallu chercher longtemps pour trouver la "logique" du "système", que je vais essayer de décrire...
Admettons le principe que la majorité des individus, quelles que soient leur origine, leur culture et même leur religion, œuvrent avant tout pour leur propre avantage, au détriment de l'intérêt général. Cette règle est d'autant mieux vérifiée que l'on s'approche des cercles de pouvoir. Si vous doutez de ce premier postulat, regardez-vous et analysez vos récentes décisions...! Qu'il s'agisse du quidam qui jette ses mégot à travers la fenêtre de sa voiture, ou de l'élu qui tente d'imposer son fils incompétent à un poste élevé dans une grande société para-publique, le mépris de l'intérêt général est le même.
Ce constat simpliste éclaire le côté sombre des apparences d'une lumière aveuglante si l'on n'y ajoute un deuxième postulat: la majorité des individus obéissent facilement à ceux qui, à leurs yeux, défendent leur intérêt particulier. Si vous doutez de ce second postulat, comment expliquez-vous les scandales du Médiator ou des prothèses PIP? Avez-vous protesté lorsque le petit groupe de personnes majoritaire aux Parlements français a prêté l'argent public pour venir au secours de banques privées défaillantes?
Tout le reste s'explique facilement. Si je suis riche, il est probable que je souhaite le rester. Or la loi des États démocratiques, soucieuse de l'intérêt général, s'y opposera... sauf si je connais "bien" ses représentants, et que l'opinion publique est favorable à l'idée générale que les riches financent les emplois dont la population a besoin. Tout devient facile, car justement l'argent est indispensable au financement des partis politiques et au fonctionnement des médias.
Si je suis riche, je m'assure donc que mon candidat préféré aux élections a des moyens financiers supérieurs aux autres. S'il perd malheureusement ces élections, je dois pouvoir lui trouver un emploi bien payé et pas trop difficile, pour attendre les prochaines. S'il est élu, il me sera d'autant plus loyal que j'aurai sans doute embauché sa femme, sa fille, ou exercé toute autre forme de corruption "invisible". Les opportunités et mon imagination n'ont pas de limites.
Si je suis riche, je dois être également soucieux de forger une opinion publique au moins ignorante de mon intérêt particulier, et si possible favorable à la prospérité de mes affaires. Rien de plus simple: je crée ou j'acquiers un média à la mesure de mes moyens; j'associe mes amis qui vont également trouver leur intérêt dans cette entreprise et décupler ma sphère d'influence; je vends de l'espace publicitaire, non pas pour arrondir mes fins de mois qui n'en ont pas besoin, mais pour garder un œil bienveillant sur les rédacteurs qui comprendront tacitement que d'un annonceur satisfait peut dépendre la survie de LEUR entreprise; je présente à "mes" rédacteurs des experts de renom que je finance par ailleurs, sous forme de jetons de présence, de conférences rémunérées, de budgets "recherche" dans une Université. Les opportunités et mon imagination n'ont pas de limites.
Si je suis riche, que j'ai un accès facile auprès des ministres, des parlements, que je contrôle un groupe de presse et de communication important, que des experts, fréquemment sollicités par les médias et les élus, me doivent au moins la moitié de leur rémunération annuelle, mais que les privilèges que je protège jalousement sont moralement discutables, je peux également :
- Créer un "lobby" qui, idéalement adossé à un "think-tank", va les défendre sans ambages mais dans le secret des alcôves,
- Investir dans des entreprises au service des collectivités: BTP, banque/finance, traitement de l'eau, éclairage, énergie, transport... autant de contrats qui assurent pour longtemps la loyauté de ceux qui les souscrivent!
- Créer mon propre "institut de sondage", titre nettement plus respectable que "fabricant d'opinions" que je récuse.
Si je suis riche, mais que je n'en ai jamais assez et que les scrupules ne m'étouffent pas, d'autres gisements, beaucoup plus simples, rapides et rémunérateurs, se présentent à moi:
- Le trafic d'armes, idéal à plusieurs points de vue: implique les élus dont je m'occupe par ailleurs, des intermédiaires prêts à tout et plus encore, des financements gigantesques, la discrétion du Secret Défense, des stratégies internationales inexplicables... Un faux intellectuel un peu illuminé, un pays en pleine guerre civile, l'intervention de la "Communauté Internationale" justifiée par les mensonges les moins avouables... et les mill
ionsards pleuvent! Sans compter le budget de la "reconstruction"! - la privatisation des forces armées, une nouvelle combine: Autrefois, les lobbies dépensaient des sommes importantes pour convaincre leur État de persuader leur peuple que de tel conflit dépendait leur liberté, ou celle de populations "asservies" par un dictateur affamé de pouvoir. Mais ce n'est plus nécessaire. Les armées furent professionnalisées. Mais l'opinion publique s'émouvait encore de la mort de "leurs" soldats nationaux; qu'a cela ne tienne, je fournis désormais aux Etats des contingents entiers de mercenaires surentrainés, recrutés encore une fois dans les pays pauvres qui trouvent encore ici toute leur utilité. Je vous garantis que la vie a un prix; et qu'il n'est pas le même dans tous les pays...
- L'exploitation de ressources naturelles: dans les pays les plus pauvres du monde, bien plus corrompus encore que le notre, le pétrole, les minerais, les forets ... restent des valeurs sures,
- La finance: la gestion de ma trésorerie, répartie dans plusieurs paradis fiscaux autour du monde, est mon passe-temps préféré; quel plaisir de spéculer contre la monnaie d'un pays dont le dirigeant n'a pas bien respecté mes consignes, ou bien de jouer avec le cours du blé en ces temps de sècheresse, d'acheter des "droits à polluer" aux USA pour les revendre en Chine.
Si je suis riche, je ne crains que deux choses: la maladie, comme tout le monde, et wikileaks! Car le secret de ma réussite, c'est... le secret.
Si vous saviez tout ce que je viens d'exposer, si vous saviez qu'il vous suffit de vous mettre à ma place pour comprendre comment va le monde, si vous saviez avec quel cynisme je vous asservis un peu plus chaque jour, si vous saviez que je possède dix villas, deux avions, une ile, deux yachts dont un de 245m équipé d'un hélicoptère, et bien d'autres choses inutiles, je ne donnerai plus très cher de ma peau.
j'aiiiiiiiime
RépondreSupprimerbon continuation