Par Dominique de Montvalon
Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, la prestation –jeudi soir, en prime time et en direct sur France-2– du candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, fera date. En tout cas, cela restera, quoi qu’on pense de l’intéressé, comme un temps fort, impressionnant. Sous l’œil ravi et séduit de Marie-Georges Buffet, ex-ministre des Sports et ex-patronne du PC, Mélenchon, dans un style torrentiel qui n’avait rien à voir avec le langage convenu des énarques, des avocats ou des agrégés de lettres, a fait, en effet, une démonstration de force, à la fois physique et psychologique.
Démonstration de force physique parce que l’ex-troskiste s’est donné à fond pour défendre le « peuple » et vendre ses idées révolutionnaires (y compris face à l’ancien Pdg de Saint-Gobain, le courageux et placide Jean-Louis Beffa, que Mélenchon a sommé –en vain– de montrer sa feuille de salaire). Démonstration de force psychologique parce que l’ex-ministre de Lionel Jospin a rudement fait comprendre à François Hollande qu’il avait intérêt à ne pas le mépriser, et à tenir compte de ce que propose le Front de gauche (dont il a brandi à plusieurs reprises devant les caméras le programme, en soulignant, par exemple, que le retour à la retraite à 60 ans n’était pas négociable).
''La cocotte-minute est en train de bouillir''
On savait que Mélenchon était, dan son registre, un remarquable orateur. Jeudi soir, il a été spectaculaire, dans un style abrupt et passionné, cousin par moments de celui du Georges Marchais de la « grand époque », celui des années 70. Précisément, jamais depuis Marchais, le PC n’avait vu l’un de ses « représentants » tenir l’antenne à ce point, aussi longtemps et aussi fièrement.Sur le fond, on retiendra quatre choses:
- Mélenchon s’est présenté comme le seul vrai rempart contre le Front national, dont il craint, dit-il, l’ascension, mais dont il déplore aussi que certains à gauche l’instrumentalisent.
- Il estime que personne ne peut dire aujourd’hui qui sera au second tour de la présidentielle. Ni même, a-t-il insisté, qui sera en tête à l’issue du premier tour.
- Il affirme que François Hollande n’a aucune chance de l’emporter s’il fait l’impasse sur le Front de gauche et ses idées.
- Il l’aura martelé toute la soirée : dans la France d’aujourd’hui, «la colère populaire est immense» et «la cocotte-minute est en train de bouillir». Sous-entendu: tout peut arriver.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Insérez votre commentaire ici