Mardi, 16h, dans un petit village au
nord du Lac du Bourget. Je prépare quelques sandwiches, de l'eau et
des fruits, car ce soir je me rends à Villeurbanne pour assister "en
vrai" à mon premier meeting du Front de Gauche; c'est aussi la
première réunion politique à laquelle j'assiste: j'ai eu 18 ans en
1981, et n'ai guère eu, de toute ma vie adulte, la possibilité de
me rendre à un meeting de gauche... Ce sera donc celui-ci. Enfin!
Le froid qui a sévi en Savoie ces
derniers jours a contrarié le démarrage de ma voiture pourtant taillée pour le Grand Nord, hier et avant hier.
Heureusement, elle ne rechigne pas à m'emmener ce soir au Parc des
Expositions de Chambéry où j'ai rendez-vous à 18h avec mon amie
Béa et le bus affrété par le Front de Gauche.
Béa m'attend déjà, engoncée dans
une veste de montagne rutilante et trop grande; ses yeux rieurs
apparaissent à peine sous son bonnet vissé sur la tête; le froid
est saisissant; elle s'est échappée de son travail plus tôt que
d'habitude, avec la complicité d'une de ses collègues, éducatrice
comme elle dans un centre de vie pour personnes atteintes de handicap
mental.
Dans le bus, nous retrouvons
Jean-Claude, notre chauffeur, ainsi que Jacques et sa compagne, deux
militants "historiques" du Parti Communiste Français,
ainsi qu'un jeune couple assis près de nous. Jean-Claude attend le
bus qui vient d'Albertville, et encaisse nos contributions aux frais
de transport "selon nos moyens". Ce n'est qu’à 18h40 que
nos 3 bus savoyards se dirigent enfin vers Villeurbanne. Bientôt,
Béa s'endort, fatiguée de sa longue journée de travail, allongée
des 2 heures de trajet en voiture...
Après quelques hésitations de
Jean-Claude sur la meilleure façon d'y accéder, nous arrivons au
"Double-Mixte" de Villeurbanne seulement quelques minutes
avant 20h; une foule compacte se presse devant les portes fermées;
nous patientons une dizaine de minutes dans un froid toujours
intense, avant qu'elles ne s'ouvrent de nouveau.
La salle "du haut" est
complète... Un peu d'incruste auprès du service d'ordre, au
prétexte d'amis nous attendant, n'y fera rien! Nous ne verrons pas
notre candidat ce soir! Nous sommes donc cordialement invités à
passer en soute! A l’étage inférieur, de grands écrans
retransmettent les images du pont supérieur! Le Front de Gauche
invente donc ce soir le meeting en "duplex", comme
s'amusera à le souligner un peu plus tard JL Mélenchon.
Nous nous faufilons en direction des
grands écrans, jusqu’à une trentaine de mètres, où la foule des
"soutiers" , debout, nous arrête par sa densité. L'air
est tiède, la chaleur humaine intense, et je comprends soudain
pourquoi je suis ici. Par notre nombre, nous indiquons notre soutien
à un combat légitime, et donc vital; nous saluons l'immense travail
produit par l’équipe de campagne; nous témoignons nos espoirs de
victoire des idées justes; nous en validons la possible occurrence,
nonobstant les sondages.
L'animatrice de la soirée, qui suit
tous les meetings, affirme que nous sommes proches de 8000, tous
niveaux confondus; 10000 indiquent les informations proches des
services de police; plus 4000 internautes; plus les spectateurs de
BFM TV et de i-télé... Le public est en place, déjà attentif. Les
discours peuvent commencer!
Avec en ouverture celui de Danielle
Obono, dont les fréquentes dénonciations de Sarkozy sont
systématiquement saluées de huées sonores et bientôt
trébuchantes; intervient ensuite Pierre Laurent, nous exhortant à
la mobilisation. En l’écoutant, j’apprécie son discours posé
et précis, concret et militant. Il nous parle aussi de l'Allemagne,
de l'Europe, dénonçant l'image déformée que nous en donnent
Sarkozy et Merkel. A l'appel à la "RESISTANCE" scandé
par la foule, Jean-Luc Melenchon s'approche du pupitre, visiblement
impressionné par le nombre de ceux venus l’écouter ce soir. Comme
à son habitude, il nous dispense successivement un cours de droit du
travail concernant la loi, les conventions collectives et les
contrats de travail, un autre sur le programme de Marine Le Pen qui
nous vaut entre autres un bel éloge du féminisme, un troisième sur
le déni permanent de démocratie au sein des institutions
européennes... Il raille le lipdub du Parti Socialiste... et conclut
par une page des Misérables de V. Hugo! Le "concurrent" Hollande
propose de redresser la France; Mélenchon poursuit sa mission de
redressement des consciences et d'élèvement des âmes, avec
persévérance et humour. Le candidat tiendra de nouveau conférence
à Montpellier demain. Bravo l'artiste.
La salle s’éclaire; et l'on découvre
ceux qui appuyèrent de leurs applaudissements sonores l'appel à la
régularisation des sans papiers, de jolies filles, ou bien le couple
d'une soixantaine d’année qui ne finissait pas de s'embrasser pendant
tout le meeting... La foule reflue peu à peu vers les portes de
sorties; pour financer la campagne, des urnes appellent aux dons
citoyens; les sourires témoignent du plaisir d’être là, nombreux
et rassemblés dans un élan commun, un peu de fierté retrouvée.
Nous retrouvons nos nouveaux amis du
bus No 3 conduit par Jean-Claude; la discussion est chaleureuse,
passionnée; rendez-vous est pris à la prochaine assemblée
citoyenne autour de la transition écologique; arrivée des bus vers
0h15 à Chambéry; à 1h, j'arrive chez moi. Il est l'heure d’écrire
ce billet. "Debout" en sera le titre, en mémoire d'une
soirée sans chaise, mais surtout en hommage à la campagne du Front
de Gauche qui, en fêtant sa victoire du 22 avril 2012, consacrera le
redressement d'un peuple en marche vers son destin, et qui ne lâchera
rien.
tout simplement superbe et j'ai hate d'assister à mon premier meeting! Résistance!
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