Nous connaissons le résultat depuis longtemps; tous les experts, sondages, médias nous promettent depuis plus de six mois un duel Sarkozy-Hollande.
Les promesses de ces deux "adversaires" se résument en un mot: l'AUSTERITE!, déclinée pour le premier en "gagner en compétitivité", et chez l'autre en "partager l'effort". Ennui garanti.
Pas de programme pour Sarkozy, dont le bilan calamiteux suffirait à dissuader les moins informés de lui renouveler leur confiance. Faire une campagne électorale sans projet, tel est le tour de force que le président parvient à imposer aux médias et aux électeurs sans qu'ils ne trouvent rien à dire. A ce niveau là, seule la foi de ses "adeptes" peut le sauver...
Quant à Hollande, sitôt choisi à l'issue des primaires, il se démarque du programme du PS qu'il était censé représenter. Ce sont donc 60 propositions disparates que le "candidat du plus grand parti de gauche" nous présente. L'augmentation du SMIC n'est plus d'actualité, ni la retraite à 60 ans, ni le droit du travail; en revanche, il soutient l'Europe libérale et sa politique austéritaire qui fait ses preuves en Grèce, au Portugal, en Espagne. Ça ressemble tellement à du Sarkozy que leurs seuls arguments de campagne se limitent à se traiter de "menteur" ou d'"élève de cours de recréation"; rien sur le fond... Ne peut-on attendre d'un "grand" parti un projet ambitieux? Une contradiction éprouvée de son adversaire principal? Des revendications sociales légitimes alors que la France n'a jamais été aussi riche et les pauvres aussi nombreux?
Le PS a perdu les 3 dernières élections présidentielles: en 1995 contre Chirac, alors que le parlement, juste après la dissolution, est majoritairement de gauche. En 2002, malgré un bilan flatteur du gouvernement Jospin, le candidat PS permet la qualification de l'extrême droite au second tour pour avoir négligé son ancrage populaire; en 2007 encore, Ségolène Royal, trahie par les éléphants du parti, dont F. Hollande, se retrouve seule face aux promesses démagogiques de Sarkozy qui l'emporte. La machine à perdre est bien rodée! Prendrons-nous le risque de leur confier encore notre avenir?
Depuis 17 ans, Chirac puis Sarkozy "détricotent" les acquis sociaux du Conseil National de la Résistance, avec le "réalisme" passif du PS dans les régions et au parlement. Ces 5 dernières années ont vu une majorité de membres du gouvernement cités dans des affaires de justice, de corruption dont les issues sont opportunément repoussées au-delà des élections. Recordman de la dette, Sarkozy peut s'enorgueillir de l'avoir augmentée de 500 milliards, les 100 milliards restant pouvant en effet être attribués à la crise financière.
Au fil des élections, les citoyens se sentent de moins en moins concernés, prenant peu à peu conscience que la souveraineté nationale, usurpée par une Union Européenne omnipotente, ne leur sera plus accordée. Victimes d'une guerre invisible et silencieuse, les plus faibles sont exclus de tout ce qui fait une communauté nationale: le sentiment d'appartenance, de sécurité, l'espoir de lendemains meilleurs, l'accès aux soins, à l'éducation, à la justice...
Copé, Takieddine et Hortefeux en août 2003 (Mediapart). |
Bayrou? Le Pen? Oui, un peu, en prônant la "Moralisation de la vie politique".
F. Hollande? Oui, mais avec des Fédérations mouillées jusqu'au cou dans des détournements de fond auxquels la justice s'intéresse de très près...
Eva Joly? Oui, son expérience professionnelle la prédispose à dénoncer la corruption traditionnelle et la lenteur de la justice sur les dossiers sensibles, financiers ou politiques, qui se rejoignent souvent.
JL Melenchon? Oui, souvent. Lorsqu'il relie la délinquance au trafic d'armes; le trafic d'armes aux marchands d'armes; les marchands d'armes aux paradis fiscaux; les paradis fiscaux à la délinquance financière presque jamais poursuivie car exercée par les "maitres du monde". Oui encore, lorsqu'il relie la délinquance dans les banlieues à l'abandon de l'égalité scolaire; l'inégalité scolaire au sentiment d'exclusion; l'exclusion à la démission des services sociaux; les services sociaux au recul de l'État dans le soutien aux plus faibles; le recul de l'État à l'inégalité sociale; les inégalités à l'injustice, au racisme, au sexisme et à la violence; les inégalités à la répression; la répression au business sécuritaire qui enrichit et martyrise toujours les mêmes. Oui, toujours, lorsqu'il dénonce la rapacité des puissances financières qui impose les dérèglementations sociales et environnementales; qui paupérise la majorité et enrichit la minorité dominante; qui provoque des catastrophes majeures, à force de réduire les couts et les contrôles.
"Comment se sentir heureux, au milieu d'un océan de malheurs?" Notre joie de vivre n'est-elle pas atteinte lorsque l'on croise le regard d'un SDF en bas de chez nous? Pouvons nous gouter notre bonheur lorsque des dizaines de milliers de Japonais meurent de la négligence de leur gouvernement? N'avons-nous aucune compassion pour les Grecs auxquels "nous" (DSK en premier...) imposons une cure d'austérité inhumaine depuis presque trois ans, alors que l'Europe devait nous protéger et assurer une paix fraternelle? Pouvons nous profiter de la vie sereinement, en pensant aux difficultés grandissantes liées au vieillissement de la population, aux travailleurs pauvres, aux sans-papiers poursuivis jusque dans les écoles de notre république pour atteindre les quotas?
Le constat est décourageant. D'accord, mais comment sortir de la "crise"? Selon les experts intervenant jours et nuits sur les chaines d'infos en continu, relayant la pensée sacralisée des "marchés", "nous" devons réduire notre train de vie et les dépenses de l'État.
Mais un mensonge répété cent, mille, ou un million de fois n'en devient pas pour autant une vérité. Ils imposent un mensonge auquel la majorité finit par se ranger, même si la réalité le dément: échec en Europe de toutes les politiques d'austérité qui enfoncent les pays dans la récession, et donc dans l'accroissement de leur dette. Succès en 10 ans de l'Argentine qui n'a pu redresser son économie ravagée par le capitalisme qu'en jetant le FMI et les multinationales hors de ses frontières, en faisant la part de la dette "légitime" (30% seulement) et en augmentant les salaires après une dévaluation drastique mais salvatrice.
L'alternative est ailleurs. Le Front de Gauche, sur la base d'un constat rigoureux mais sincère, avec l'aide des militants, des syndicats, des associations et d'universitaires indépendants, a développé son programme "l'humain d'abord" autour de:
- la répartition des richesses, pour relancer la consommation et réduire les inégalités,
- la planification écologique, pour orienter l'économie et le progrès technologique vers des activités durables, compatibles avec l'accroissement de la population sur terre, respectueuses de la vie et créatrices d'emplois,
- le renouveau démocratique ("la sixième république"), pour rendre au peuple sa souveraineté, réduire la corruption, garantir l'émergence pérenne de l'intérêt général et de la justice sociale.
Toutes les mesures préconisées ont été évaluées pour une mise en œuvre rapide, efficace, concrète et durable. Les pays d'Amérique du Sud en sont les pionniers. La France peut ouvrir la brèche en Europe.
Le Front de Gauche, c'est la révolution citoyenne, la possibilité d'échapper aux politiques économiques libérales suicidaires, l'éradication de la pauvreté et de la violence associée, un monde meilleur pour nos enfants. Le Front de Gauche, c'est l'arme fatale pour étendre à l'Europe la défaite de la finance contre l'humain, annonçant la fin de cette guerre fratricide des 1% contre tous les autres. C'est aussi, dans quelques semaines, un SMIC à 1700 euros bruts, la titularisation des 800.000 précaires de la fonction publique, des CDI pour 90 à 95% des salariés qui pourront ainsi reprendre confiance dans leur avenir et celui de leurs proches.
Ne trouvez-vous cette perspective une bonne raison de voter? Ne pensez-vous pas qu'il faut saisir la chance qui nous est donnée de nous "changer la vie"?
Certains objecteront, c'est un autre mensonge désormais communément admis, que F. Hollande est mieux placé pour "vaincre" Sarkozy, ou bien que le risque de voir M. Le Pen au second tour nécessite de concentrer dès le premier les suffrages sur le candidat PS.
A ceux-là, je livre les réflexions suivantes:
- Votez-vous pour vos convictions, ou par calcul politicien? Acceptez-vous d'être instrumentalisé par un parti qui a pour seul argument de vous effrayer et qui a perdu des batailles gagnées d'avance?
- Le deuxième tour de 2002 a montré que les Français ne veulent pas élire le FN; ils l'utilisent seulement en vote contestataire, de droite comme de gauche. Cette année, l'offre politique est variée: FdG, PS, Modem et UMP représentent plus de 80% des électeurs. Par conséquent, les intentions de vote FN stagnent désormais à 15-16%, ce qui est insuffisant pour prétendre au deuxième tour.
F. Hollande et JN Guerini, mai 2006 |
- Comparez en pensées, puisque les candidats et les médias nous le refusent, les débats Mélenchon-Sarkozy et Hollande-Sarkozy. Comment Hollande se sortira-t-il de ses contradictions concernant sa "lutte" contre la finance? Comment se différenciera-t-il de l'UMP en terme de pouvoir d'achat, d'Europe, d'écologie, de protection sociale? Comment résistera-t-il aux attaques caustiques de Sarkozy? Au contraire, comment Sarkozy encaisserait-il les attaques de Mélenchon sur son bilan, sur les "affaires", sur sa politique fiscale, sur la TVA, le Traite de Lisbonne, les référendums....?
- A quoi cela servirait-il d'avoir 2 tours si l'on doit voter des le premier comme au second? De quelle "dynamique" Hollande nous parle-t-il? Pourquoi a-t-il si peur d'une gauche radicale qu'il a pourtant su si bien contenir au sein de son parti (Montebourg)? Combien de temps pourra-t-il s'exonérer des corruptions intervenues dans les fédérations du PS alors qu'il en était le Secrétaire Général?
Une alternative, un espoir sont possibles. Ne laissons pas passer cette chance, pour nous et nos enfants. Permettons ensemble au Front de Gauche d'atteindre le deuxième tour en accompagnant le mouvement populaire qui l'entraine.
Bien sur, en cas de victoire, nous devrons franchir des obstacles encore plus élevés pour imposer cette "nouvelle donne" aux puissants. Contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, "les riches" ne partiront pas "créer des emplois à l'étranger". Ils lutteront pour conserver leurs privilèges, se battront pour protéger leur fortune indécente, mentiront pour échapper aux représailles éventuelles. La vraie bataille ne devrait commencer qu'après les élections... à condition que nous nous donnions une vraie chance de gagner cette guerre invisible "contre les marchés"!
Le 22 avril, votons ensemble Mélenchon. L'humain, d'abord!
D'accord à 100 % avec ce billet fort bien écrit.
RépondreSupprimerPoussons la logique au bout : Mélenchon ou rien.
J'avais participé aux primaires PS pour voter Montebourg, persuadé qu'avec deux discours de gauche affirmés, la campagne aurait eu plus de gueule.
Malheureusement les militants du PS ont voté utile : ie pour le plus mauvais de tous, pensant qu'il suffisait d'être impuissant pour devenir consensuel.
Pour beaucoup d'entre nous, l'ennemi est d'abord la coterie financière, servie à la livrée près par Sarkozy, Hollande, Bayrou et Le Pen.
Je n'aurais donc aucun complexe à voter blanc au second tour si JLM n'y est pas présent.
Car si tel est le cas, la bataille n'aura fait que commencer et je me sentirai beaucoup mieux avec un Mélenchon chef de l'opposition à Sarkozy plutôt qu'un Hollande réduit par le fatras de ses contradiction à des demi-mesures néfastes.
Donc ne jamais oublier qu'après les présidentielles, il y aura des législatives, au moins aussi importantes pour l'avenir des peuples de France et de l'UE.
Merci pour votre commentaire.
SupprimerVous y mentionnez les primaires du PS qui restent pour moi un mystère: qui a voté Hollande? Pour n'en avoir rencontré aucun, j'ai la désagréable impression que sa victoire a pu être acquise grâce aux adversaires politiques du PS. Suis-je paranoïaque?
qui a voté Hollande? Pour n'en avoir rencontré aucun, j'ai la désagréable impression que sa victoire a pu être acquise grâce aux adversaires politiques du PS.
SupprimerRéponse : Non, hélas ! J'ai un excellent ami marseillais, inscrit au PS pour faire gagner Royal, qui après avoir voté Aubry aux primaires, se "résignait" ;o)) à voter Hollande en vertu du sacro-saint vote utile.
Déjà, la coagulation de ces trois tendances sur un seul militant est un précieux indicateur de la vigoureuse cohérence idéologique du PS...
C'est pourquoi il m'a été assez facile de semer le doute et le trouble en lui demandant simplement comment le fait de militer dans un parti de Gauche l’entraînait à voter pour une politique de Droite.
Ca a marché ! Il a visionné les discours et les interviews de JLM et en est ressorti résolument réfractaire au vote utile, qui devrait être rebaptisé vote irréfléchi.
Très bonne argumentation. J'aimerais diffuser ce texte mais je ne connais plus que des électeurs du Front de Gauche. Les autres se cachent!
RépondreSupprimerje sent la sincérité et la rationalité documentée et perspicace de votre révolte et pour tout dire de votre saine colère, pour reprendre les mots d'une ex candidate esseulée du PS. Je la partage et dans cet océan d'informations cathodiques et hertziens converti, y compris malgré eux, à cet insécérité chronique, à ce marasme intellectuel de gens ne faisant que répéter des formules d'un catéchisme corporatif..., effectivement la candidature de Mélenchon est une opportunité qu'il faut saisir et en cela votre engagement, qui plus est de qualité si j'en juge à la teneur de votre blog, est précieux comme celui de millions d'autres à quels que niveaux qu'il se trouve.
RépondreSupprimerSurtout continuer car comme vous l'avez compris, je crois comme vous que c'est dans l'avenir que viendront les véritables difficultés, quand concrètement il s'agira de déposséder de leur pouvoirs soporifiques tout ce beau monde.
francis