jeudi 1 mars 2012

Référendum et pauvreté

Ce soir lors de son meeting de Lyon, François Hollande a répété que s'il était élu président de la république française, il s'engageait à renégocier le traité "Merkozy", avant de le faire ratifier par le parlement. Autrement dit: "pas de référendum européen!"
A l'heure où le chômage, les bas salaires, le coût de la vie, créent des fins de mois difficiles et de la pauvreté pour des millions de Français, eux-mêmes mieux protégés qu'un milliard d'êtres humains luttant chaque jour pour leur survie, il peut être surprenant de s'indigner à propos d'un référendum...

Et pourtant, je pense que c'est la mesure qui place définitivement le représentant du PS parmi les conservateurs, essayé et approuvé par le "gouvernement invisible" qu'il dénonça au Bourget.

Car, si l'on considère que le monde n'a jamais été aussi prospère, et que cette richesse est détenue par une minorité toujours plus puissante, il nous faut nous interroger sur les mécanismes qui permettent, dans une démocratie de tradition sociale comme la France, à cette minorité dominante d'imposer des sacrifices toujours plus importants, à une majorité laborieuse, mais surtout silencieuse.

Ces mécanismes sont résumés par la notion de "pensée unique", et s'articulent entre pouvoirs politiques et médias qui se partagent la fonction de fabriquer le consentement de l'opinion publique. C'est ici que réside le lien entre pauvreté et richesse. C'est ici qu'est sciemment organisée par une minorité l'injuste répartition des richesses, au détriment de la majorité.

Pour ce qui concerne les médias, il est relativement aisé d'en canaliser la propension éventuelle à sortir de l'orthodoxie. Les médias privés sont détenus par cette même minorité agissante, dont la fortune provenant d'autres horizons, ne peut durer et augmenter sans propagande. De plus, elle les finance insuffisamment, créant ainsi une dépendance vis à vis d'annonceurs... détenus par les mêmes! Le cadre est bordé, précisément délimité.

Pour ce qui est des médias de service public, la dépendance est à la fois financière (le mix dotation/ publicité), et politique. Le tout est sous contrôle des dirigeants politiques, de façon plus ou moins visible, mais effective.

Il reste donc à s'assurer de la "bonne volonté" des élus, ce qui paraît à première vue totalement impossible, puisque le peuple, et donc l'intérêt général, veillerait à sanctionner rapidement toute politique s'y opposant. Et pourtant...

Comment s'assurer l'orthodoxie de dirigeants politiques soumis aux règles de leur parti, aux ambitions de leurs rivaux et aux votes de leurs électeurs? En résumé:
  1. En les flattant: les inviter à participer aux réseaux des grandes entreprises, à intervenir dans de grandes universités, aux réunions de Bilderberg, aux cercles d'intellectuels... contribuent à un "dressage" efficace,
  2. En les influençant: il serait intéressant à ce titre de dresser une liste exhaustive de tous ces "think-tanks", et d'en détailler les sources de financement. Grandes entreprises, syndicats professionnels, fondations,...
  3. En  les corrompant: il ne s'agit pas de mallettes (et encore!), mais plutôt de l'assurance d'une belle carrière en cas de revers politique, de postes agréables pour les proches, de missions "stratégiques" asseyant leur influence...
  4. En les contrôlant: qu'il s'agisse du temps d'antenne, des choix éditoriaux, de la courbe des sondages... il existe mille manières de faire rentrer un parti politique dans le domaine du "raisonnable".
C'est ainsi que peu de ces dirigeants, désignés conjointement par les médias et les sondages, se permettraient de prendre des risques après l'"échec" du référendum de 2005 sur le Traité de Constitution Européenne. C'est aussi pourquoi vous et moi avons le sentiment obscur mais réel que nous sommes dépossédés de notre vie, et que les hommes politiques ne peuvent rien y changer.

Ce n'est vrai que parce que nous élisons toujours celui que l'on nous désigne. Cela s'appelle le "vote utile".

Une seule femme politique, Ségolène Royal, aurait sans doute accédé à la marche suprême si elle n'avait eu la fâcheuse idée, portée par les sondages et sa popularité, de promouvoir la "démocratie participative"! Erreur fatale, qui lui fit perdre le soutien de son parti, propulsa bientôt un outsider (Bayrou) dans les sondages, et finit par l'élection programmée du "Président des riches"...




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