jeudi 8 mars 2012

I am not dangerous!

C'est ce qu'a déclaré F. Hollande en déplacement à Londres le 29 mars: "je ne suis pas dangereux!"

Que signifie cette phrase anodine reprise par tous les médias français?
Qu'a voulu dire le candidat du PS, après avoir annoncé par surprise un impôt de 75% pour les très hauts revenus; après avoir dénoncé la finance comme son "seul véritable adversaire" lors du meeting du Bourget; avoir prévu dans la proposition N°7 de son projet la séparation des activités de dépôts et d'affaires des banques, l'augmentation de leurs impôts, la lutte contre les paradis fiscaux, l'encadrement des bonus, la création d’une taxe sur toutes les transactions financières ainsi que d’une agence publique européenne de notation?

il ne s'agit en aucune manière d'un dérapage ou d'une confidence faite à bout de fatigue. Une dizaine de jours plus tôt, il avait déjà annoncé la disparition des communistes français, et la gestion "pragmatique" des précédents gouvernements socialistes qui ont plus libéré les marchés que ne l'ont fait les conservateurs au pouvoir depuis dix ans.

Ses supporters pourront y voir de bonne foi son habileté à "composer" avec les marchés dont aucun dirigeant sérieux, raisonnable, "présidentiable", ne niera la nécessité. Il s'agirait donc pour le candidat du PS de rassurer la "City", en lui garantissant le caractère inoffensif de son projet pour les banques, leurs clients et leurs représentants. Le contraire de ce qui avait séduit les militants dans son discours du Bourget. Ceux-là seront convaincus que l'évident mensonge est à destination de son "seul véritable adversaire".

Ses adversaires politiques dénonceront la duplicité du candidat, dont le discours et les principes varient en fonction de l'audience, sans devoir préciser de quel côté souffle le mensonge, et d'où vient la vérité.

Ses détracteurs, dont je fais partie, y voient la promesse d'une traitrise annoncée. Car de deux choses l'une: soit il se lance dans la règlementation des marchés financiers, auquel cas il est potentiellement dangereux pour eux, soit il ne l'est pas, et la lutte contre les paradis fiscaux et autres mesures coercitives ne sont plus que des promesses de campagne, destinées aux oubliettes dès la fin des élections.

Peut-être n'a-t-il pas le choix. Pour au moins deux raisons:
  1. Il n'est pas taillé pour la lutte, pour la négociation pied à pied. Ce n'est ni son caractère, ni son expérience, faite de stratégies d'appareil, de négociations discrètes, de compromis consensuels.
  2. Il ne peut être élu sans le soutien du "système". Car en s'adressant à la "City", il s'adresse en réalité aux puissances de l'argent, à ceux qui font et défont les candidats de leur choix.
Mais l'intérêt général s'oppose totalement à celui des banques, comme en atteste chaque jour l'"expérience" grecque. "I am not dangerous" sonne le glas de l'espoir d'un renouveau à gauche. Cette expression dissimule derrière son apparente bonhomie la réalité d'une violence qui creuse depuis trente ans le sillon de la crise, de la précarité, du risque écologique, de l'appauvrissement de la majorité au profit de cette minorité cupide et sans scrupules.

L'histoire du Vénézuéla, de l'Argentine et de l'Equateur a montré les forces gigantesques nécessaires pour dérouter la finance de ses objectifs. Ces pays, comme la Grèce, ont supporté longtemps un programme économique unique, standardisé, broyant les populations, avant de résister. Dans tous les cas, résister signifie rompre, imposer, combattre. Le PS français d'aujourd'hui, à l'image de ses partenaires socio-démocrates européens, en est incapable, par nature. Et donc dangereux, pour le peuple.

1 commentaire:

  1. C'est bien de faire de longs argumentaires... Mais bon,réfléchissons sérieusement:
    - Si tu partages les idées de Mélenchon, c'est que 1/ tu es capable de comprendre un raisonnement complexe 2/ tu es de gauche
    - Si tu es de gauche, et que tu sais lire, tu es allé voir les propositions de Fraise des Bois. Tu as bien vu qu'aucune proposition (il n'ose même pas parler de programme) n'est de gauche. Tu en as conclu que Babar était de droite, ce qui est bien normal puisqu'il remplace DSK qu'a commencé à affamer les Grecs avant de se barrer à Marrakech dans sa Porsche; qu'il ferait tout comme Sarko, même s'il préfère Le Laurent (8e arrdt), plutôt que le Fouquet's, rien que pour emmerder le nain.
    - Alors, tu as aussi acheté (2 euros) le programme L'Humain d'abord; tu as bien compris la cohérence du programme, son ancrage dans une gauche raisonnable (faut pas effrayer les fonctionnaires quand même!), la transition écologique, la démocratie participative...

    ET TU VAS VOTER MELENCHON! PRESIDONS! RESISTONS!

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