En cette grise après-midi du 18 mars 2012, les "gauches" en campagne se révèlent au monde. La démonstration de force du Front de Gauche est aussi "révolutionnaire" qu'est feutrée l'assemblée "génération création" de F. Hollande au Cirque d'hiver.
Les symboles se télescopent pour renverser toutes les idées reçues en une étonnante unité de lieu et de temps.
Meeting de Jean-Luc Mélenchon par LCP
Le Front de Gauche a choisi une marche populaire de Nation à Bastille "pour une VIème République"; la compagne du candidat PS a sollicité son carnet d'adresse pour réunir le gotha parisien des arts et de la culture. L'"invisible gauche sandwich" et la "médiatique gauche caviar" se retrouvent nez à nez, au cours d'une campagne pendant laquelle elles prennent tant de soin de s'éviter!
L'outsider négligé des médias emplit de sa foule bigarrée et de ses slogans provocants les boulevards et places parisiens, tandis que le favori des sondages fait salon parmi les artistes triés sur le volet. Marche des gueux "Bella Ciao" contre gala de bienfaisance "le temps des cerises". Les symboles sont sans pitié.
Jusqu'aux discours tenus par les deux impétrants, le premier inscrivant l'insurrection civique dans l'Histoire, l'autre défendant "une culture [...] qui permette à nos concitoyens de
se retrouver dans une volonté commune, celle de nous dépasser
nous-mêmes, celle d’être capables de rêver ensemble à un avenir où nous
serions tous réunis dans une cause supérieure"...
Les commentateurs les plus aiguisés de la vie politique, déroutés par l'énorme affluence du petit parti et par le déphasage social du "leader" d'opinion se perdent en conjectures vaseuses, n'y voyant qu'une anecdote anachronique de campagne.
Mais c'est tout le contraire qui vient de se dérouler sous leurs yeux. Ce sont les "courbes" du Front de Gauche et du PS qui viennent de se croiser. C'est un parti jeune et fervent qui vient avec arrogance se frotter au mal dominant qui ne fait plus illusion pour bien longtemps. C'est l'utopie concrète qui terrasse enfin la vacuité idéologique.
En 2051, six mois après le démantèlement de la dernière centrale nucléaire, le dernier Président de la Vème République tout juste centenaire, déclara: "mes amis, le vrai changement n'eut pas lieu lors de mon élection du 6 mai 2012. Il apparut devant nos yeux ébahis, sous le ciel bas et gris de cette après-midi du 18 mars, en une longue procession du peuple s'étendant de Nation à Bastille".
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