lundi 8 avril 2013

Les nerfs m'en tombent...

Alors que les actualités les plus étonnantes submergent le web qui n'en peut plus, le journal Libération remet un peu de sérénité dans des débats qui gagnent, au-delà de la seule sphère médiatico-politique, l'ensemble de la population française!
En effet, Libé, démontrant ainsi sa liberté d'informer, se démarque de l'ensemble de la presse à scandales en laissant les autres s'acharner sur le pauvre Jérôme Cahuzac. Pour mémoire et rappel aux plus étourdis, notre ancien et très compétent ministre du budget  ne cesse d'être harcelé depuis bientôt cinq mois à propos d'un compte bancaire qu'il aurait ouvert dans un paradis fiscal, dont personne ne peut citer le nom sans risquer d'être poursuivi en diffamation, faux et usage de faux, ainsi que d'abus de faiblesse et de lèse majesté.

Non, Libé, comme à son habitude, a un coup d'avance en titrant "une possible affaire Fabius tétanise l’Elysée". Protégeant courageusement sa source à Médiapart, le journal cofondé par un philosophe aujourd'hui éclipsé par la pensée de ses successeurs, révèle qu'un second ministre aurait un compte en Suisse, en tous cas que ses moyens le lui permettraient.

Aussitôt contacté par notre rédaction, Jérôme Cahuzac, très remonté contre cette imitation qui lui vole la vedette, se dit "trahi, floué, trompé" par celui qu'il considérait jusqu'alors comme un ami: "il est possible que lors d'une soirée tardive en bonne compagnie, j'ai pu évoquer certaines techniques d'optimisation fiscale. Mais de là à imaginer qu'il ait pu en tirer profit pour son compte personnel, il y a un abîme qu'il n'aurait jamais dû franchir!"

Côté gouvernement, l'Ayrault plie mais ne rompt pas: "Cette nouvelle tombe à pic: nous recevrons dans quelques jours le rapport "équilibre vie politique - vie privée: comment? pourquoi?" que nous avons commandé aux époux Tibéri. Ce projet de loi de moralisation de la vie politique est basé sur les valeurs catholiques de pêché-confession-repentance sans lesquels le pardon serait impossible". Inspiré de la vie et de l'oeuvre du deuxième Pape vivant, ce projet divise le gouvernement dont certains membres, en off, l'ont qualifié d'"antisémite".

De son côté, le souverain poussif, tout juste de retour d'un week-end en Corrèze, a exhorté son équipe gouvernementale à présenter toutes les pièces à conviction sur lesquelles des journalistes malintentionnés de Médiapart pourraient tomber: "tous les ministres, secrétaires d'état, ainsi que les membres de leur cabinet et leurs familles, sont invités à contacter la buanderie de l'Elysée, qui nettoiera non seulement leur garde-robe, réparera les pièces les plus anciennes, mais lavera de toute micro-poussière jusqu'à leurs casseroles." Rompant ainsi avec le vocabulaire protocolaire de ses porte-paroles, François 1er répond sans ambiguïté à l'invitation du "coup de balai" de son ami Mélenchon prévu pour le dimanche 5 mai 2013.

La réaction de l'opposition, face aux gauches rassemblées, ne s'est pas fait attendre. Jean-François Copé, chef incontesté des droites dé-diabolisées et décomplexées, a confié à une journaliste de Paris Match: "Il est intolérable que seuls les proches du Président profitent des services de l'Elysée qui appartiennent à tout le peuple français, de souche, avec papiers. Je m'insurge contre ces pratiques d'un autre âge, et demande au locataire de l'Elysée d'autoriser tous les contribuables de notre pays, qu'ils soient de droite, de gauche ou d'ailleurs, à bénéficier également, librement et fraternellement des équipements modernes  et bien entretenus que notre gouvernement lui a légués."

Selon Sondages-Et-opinions, seulement 3% des sondés seraient opposés à une loi moralisatrice, dont 1.623% "tout à fait opposés". 97% des personnes interrogées se sont déclarées favorables, ou très favorables, ou absolument favorables, ou extrêmement favorables, à une loi soumettant l'ensemble des représentants de la République à une honnêteté complète. Quant à la question suivante: " Êtes-vous pour ou contre une nouvelle Constitution? " , 6% ont répondu "Oui", 4% ont répondu "Non" et 92% ont demandé ce qu'était une Constitution.

Dans ces conditions, qu'attend le gouvernement pour agir? Interrogeant le PIF (Paysage Intellectuel Français), notre reporter dépêché sur place a recueilli l'analyse approfondie de Nabila, devenue célèbre depuis que sa pensée a fait l'objet de plusieurs documentaires télévisuels de vulgarisation. "Allo!?! Allô, quoaa?!? T'es un ministre, et t'as pas de compte au Luxembourg? C'est comme si je te dis, j'sais pas moi... T'as cinquante ans, et t'as pas de Rolex!!!" Puis elle conclut mystérieusement: "Quand Aurélie et Capucine sont parties, c'était le Silence des Crapauds de Zadig et Voltaire, mais bon, t'as pas besoin d'un flash quand tu photographies un lapin qu'a déjà les yeux rouges".

Poursuivant notre enquête dans les milieux sportifs, bien connus pour connaitre des difficultés similaires à ceux des politiciens (cocaïne, placements financiers et petites pépées), nous nous rendons au stade de la rencontre PSG-Barça pour les interroger sur les méthodes d'investigations peu orthodoxes de Libération, mais y croisons de nouveau le souverain poussif, toujours prêt à nous confier quelque révélation malgré son agenda noirci de rendez-lui du matin au soir.  "Avoir le privilège d'assister à cette performance sportive, renvoie inéluctablement le premier représentant de notre nation aux devoirs qui sont les miens", nous a-t-il déclaré en préambule. "Savoir doser l'effort, détourner l'attention de l'adversaire en attirant celle du public, réfléchir au coup d'après en surveillant ses partenaires, sont des qualités qu'il me faut acquérir pour devenir présidentiable. Je trouve ici une inspiration et une respiration propices à l'allégresse de l'action. Car si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien."

Abandonnant pépère dans ses réflexions abyssales, nous dirigeons notre microphone vers les gradins surpeuplés où, ainsi que nous l'indiquions au début de notre article, le public est lancé dans d'interminables débats politiques dont nous avons extrait  le florilège suivant (plusieurs sources congruentes):
"Putain d'arbitre, y'avait pas corner, là! Vendu!"
"Nom d'un putain d'enculé, pourquoi il tire pas maintenant? On dirait Hollande face au Medef!"
"Bien vu le goal! Itou Cahuzac avant le 3 avril, il arrête net toutes les attaques"
"Ouahh! T'as vu la sarkopette? Il profite de son adversaire à terre pour lui faire un petit abus de faiblesse dans les roupettes!"
 "Mais dis-donc, ce serait pas Stéphane Fouks à la tribune VIP, le copain d'Alain Bauer? Mais non, c'est Darrois, l'avocat d'affaire le plus prospère de la décennie, et celui de Fabius aussi... Mais, à quoi ça sert, un avocat d'affaires?"
 Las! Que les politiciens seraient bien inspirés de retenir ce morceau de chrestomathie littéraire et morale! Nous autres misérables analectes, impuissants et soumis, en ferions notre beurre...

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