jeudi 4 avril 2013

François Hollande est-il présidentiable?

Cette question vous parait-elle incongrue, un an à peine après son élection? François Hollande est-il présidentiable?

Critiqué sur sa droite, sur sa gauche, au sein de son propre parti et avant tout par le verdict sans appel des sondages de popularité, il surfe sans férir sur des échecs toujours plus cuisants.

Au moment des primaires, profitant de l'élimination hallucinante de DSK et des convictions trop affirmées de ses concurrentes principales, il sort du chapeau, miraculeusement propulsé par des médias résignés à la défaite de Sarkozy, mais certainement pas au recul du capitalisme. A combattre sans férir, on triomphe sans gloire. Ce sera sa seule victoire.

Premier échec, retentissant: le TSCG, signé, à la virgule près, comme le lui avait laissé Sarkozy. Ensuite, c'est celui du chômage, dont aucune mesure gouvernementale ne parvient à endiguer le flot dévastateur, et même meurtrier. Ce fut aussi la reculade d'un poulet de Bresse face à des pigeons déterminés. Ce fut encore le "pacte de compétitivité" qui accompagne tellement clairement les revendications patronales que l'on sourit en repensant à son ennemi passager que fut la finance pendant la campagne présidentielle. C'est celui d'une méthode de "concertation des partenaires sociaux" qui soumet pieds et poings liés des syndicats asservis aux exigences d'un MEDEF triomphant et implacable.

Seule éclaircie dans ce paysage de désolation, Vincent Peillon obtient un budget raisonnable pour le recrutement de "vingt mille" professeurs...

Mais soudain, le ciel se couvre, le tonnerre gronde, le sol se dérobe: c'est le cataclysme politique de l'affaire Cahuzac que les droites successives, pourtant championnes toutes catégories de malversations en tous genres, n'étaient jamais parvenues à réaliser. Cette affaire est d'autant plus exemplaire qu'elle oppose un homme "respecté (ou craint?) par tout l'échiquier politique, brillant, ultra-compétent et soutenu par le gotha médiatique" à un journal d'investigations minuscule qui a tout à perdre dans cette aventure. Faut-il qu'il ait eu cent fois la certitude de l'existence de ce compte frauduleux, pour qu'Edwy Plenel lance sa jeune entreprise dans cette accusation si dangereuse! Cahuzac, au fait de son arrogance aristocratique, traite son adversaire de gauche de "clown", l'humilie par un "Mélenchon, tu es un homme seul", avant d'avouer fièrement n'avoir jamais cru à la lutte des classes! Deux mois plus tard, ce même homme subit l'opprobre unanime qui l'aurait en d'autres temps conduit irrémédiablement au suicide.

Présidentiable, Hollande? Frileux devant la tâche à accomplir, craignant de froisser les uns (puissants) et le nombre des autres (ses électeurs...), doué d'un cynisme sans limites qui ampute chacune de ses promesses de tout effet social, obéissant aveuglément à la doctrine économique européenne qui alimente le moteur du rouleau compresseur libéral, il n'existe que par ses traits d'esprit qui se perdent dans l'abîme vertigineux de sa détermination.

Hollande reste un homme d'appareil, à défaut de devenir un homme d'Etat. Il étouffe les débats de son mépris, au lieu de réenchanter la vie. Il courbe l'échine devant l'adversité, faute de pouvoir l'affronter.

Sûr que si notre constitution prévoyait le référendum de révocation, Hollande retournerait immédiatement dans le chapeau PS dont il n'aurait jamais dû sortir! Les démocraties modernes ne produisent que des incapables, et l'on devine que ce n'est pas l'effet du hasard...

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