Ce blog voulait lutter contre l'abstention en cette élection présidentielle de 2012. Non en tant qu'expression protestataire, mais pour le dépolitisation et l'étouffement démocratique qu'elle recouvre.
Car on nous inculque depuis trop longtemps la disparition des valeurs droite/gauche, le transfert du pouvoir politique vers des institutions européennes de moins en moins "lisibles", l'incapacité des professionnels de la politique à répondre aux attentes du pays.
Combien de fois avez-vous entendu ou prononcé: "il n'y a plus de droite et de gauche", "il faut prendre le meilleur des deux", etc...? La culture politique a pratiquement disparu de l'inconscient citoyen. Qu'évoquent Jaurès, Blum, Pétain, De Gaulle, Trotski, Marx, Rosa Luxemburg... pour les moins de quarante ans? Quelles différences séparent libertaires, anarchistes, réformistes, communistes, révolutionnaires, réactionnaires, conservateurs, libéraux, socialistes, démocrates-sociaux, capitalistes, souverainistes, nationalistes et même républicains? A l'heure du pluralisme médiatique, comment canaliser efficacement la pensée unique et présenter un débat centre-droit/droite conservatrice en débat gauche/droite réformiste?
Comment se sont développés l'euroscepticisme et l'européisme, les deux faces de la même pièce euro-libérale de la libre concurrence et non faussée? Pourquoi nous tient-on tellement à l'écart des décisions prises à Bruxelles et Strasbourg, dont le MES et le Traité de Stabilité sont les archétypes absurdes et dangereux? Comment ne pas voir dans cette Europe standardisée, l'outil obéissant d'une idéologie droitière et partisane jusque dans sa Constitution refusée par le peuple mais imposée par l'UMPS? Comment les contre-pouvoirs nationaux et les sociaux-démocrates auraient-ils accepté de s'enfermer dans ce carcan politique imposé par la droite, s'ils n'en avaient été les complices?
Troisième arme d'abstention massive est l'idée largement répandue que les politiques, professionnels d'une alternance sans couleurs, enfermés dans des tours d'ivoire confortables, exercent leurs pouvoirs insignifiants coupés des réalités sociales de leurs électeurs. Le célèbre "la politique ne peut pas tout" de L. Jospin, mais aussi l'impéritie parlementaire sous le quinquennat de N. Sarkozy en sont de tristes illustrations, et certaines interviews surréalistes démontrent à ce sujet une navrante réalité.
Je soutiens que tout cela est pensé, organisé et obtenu par une oligarchie mondiale et financière, qui assoit son pouvoir économique grâce aux soldats politiques qu'elle place à son service, eux-mêmes relayés par l'intérêt bien compris d'entreprises de relations publiques rémunérées dans ce but.
Pensé, car la démocratie effective s'oppose aux concentrations de pouvoirs. En limiter la portée et le champ d'action, c'est rendre possible l'exercice du pouvoir, qu'il soit politique ou économique. Les dictatures servent par définition l'intérêt d'un clan et s'appuient sur les privilèges d'une minorité possédante. A l'inverse, la démocratie directe est la meilleure garantie en faveur de l’émergence de l'intérêt général, et contre la corruption.
Organisé, car la maitrise du pouvoir ne s'improvise pas. L'exemple caricatural de la "démocratie" états-unienne montre comment les élections présidentielles et fédérales sont réduites à un non-choix entre deux partis libéraux. Les joutes factices mais violentes qui les opposent donnent le change sans jamais changer la donne. Les budgets colossaux des campagnes électorales verrouillent à jamais le débat entre candidats "démocrates" et "républicains" comme s'ils ne prétendaient pas tous être "républicains-démocrates". Il suffit d'écouter nos éditocrates assermentés, JM Aphatie et F.O. Giesbert, s'attaquant violemment aux "petits" candidats et à leur temps de parole, pour mesurer le sophistication éprouvée de la fabrication du consentement. Lorsque le vote est un droit, le taux d'abstention mesure le degré d'étouffement démocratique, il est un des outils de contrôle du pouvoir.
Obtenu, la plupart du temps, avec cependant quelques "échecs" notables. "Succès" au Chili: coup d'état contre S. Allende qui remplace un progressiste élu par un dictateur soutenu par la CIA. Succès: l'effondrement du bloc soviétique marque la fin de la guerre froide et l'avènement de la mondialisation capitaliste. Echec en Irak, livré après-guerre à un chaos politique dont l'ONU ne parvient à se sortir. Echec au Maghreb, suite au Printemps arabe, dont les dictatures sont progressivement remplacées par des gouvernements religieux. Le capitalisme ne parvient pas toujours à imposer "la concurrence libre et non faussée" au détriment d'états puissants servant l'intérêt général, mais les "échecs" ne sont jamais définitifs, et les régimes transitoires de conflits armés ont leurs "utilités"... La guerre économique, régime de croisière du capitalisme triomphant, établit le rapport des forces de la finance contre celles des peuples en révolte. Le taux d'abstention mesure également le degré de résignation ou d’écœurement des peuples asservis.
Les formes d'expressions individuelles ne sont pas si nombreuses: si l'expression démocratique est étouffée par un système politique dévoyé, impuissant, attaché à ses prébendes auto-décernées, comme le sont les partis politiques dominants aujourd’hui en France, l'alternative sera violente.
Demain, 22 avril 2012, nous mesurerons le capacité de la démocratie française à mobiliser les électeurs, ou à les dissuader de participer à une mascarade scénarisée...
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