9 millions de pauvres en France en 2010! Il fallait bien que les "vagues" de licenciements que les journaux de 20h nous annoncent quotidiennement depuis 30 ans finissent par prendre forme dans le corps social. C'est fait. On les appelle "les pauvres". On les croise à Pôle Emploi, dans les quartiers "défavorisés", aux Restos du Cœur, dans la rue ou bien à l'école, au moins tant qu'elle est obligatoire. On ne les voit ni au cinéma, ni en vacances, pas même à la piscine municipale. Mais ils sont désormais si présents, si nombreux, que seuls les dirigeants politiques et syndicalistes n'en parlent pas, et que les médias continuent de les considérer comme marginaux.
Avez-vous entendu nos ministres parler de leur plan de recul de la pauvreté en France? Quel écho les syndicats donnent-ils à la fréquentation chaque année accrue des associations solidaires?
Si le problème du logement fait l'objet d'une attention particulière de la part de nos gouvernants, c'est qu'il touche une population bien plus large que les seuls pauvres. S'ils prétendent combattre le chômage à longueur de discours, ils ne l'envisagent que d'un point de vue géo-économique, ou en dénonçant les discriminations à l'embauche.
L'homme sandwich prétendant "sauver les emplois" en s'affichant à la une des journaux entourés de produits "made in France" nous éblouit de son impuissance à agir: "Pour sauver vos emplois, achetez français, car je ne peux rien faire". Au Parti Socialiste, Monsieur Montebourg est classé à gauche, ce qui en dit long sur ses collègues. Mais qui peut s'acheter une montre à 300 €, ou un petit pull rayé à 50 €? Certainement pas les 9 millions de Français vivant au dessous du seuil de pauvreté.
10 millions, c'est le nombre de votants au premier tour des présidentielles 2012 qui se sont prononcés en faveur de l'actuel président, mais aussi de l'ancien. C'est également le nombre d'abstentionnistes à ce scrutin. C'est aussi très proche du nombre de pauvres en France en 2012.
La légitimité de F. Hollande est donc à peine supérieure en nombre, à celle des pauvres. Mais quelle différence de traitement médiatique entre la voix de l'un et le gommage quasi-systématique des autres! La pauvreté est au monde politico-médiatique ce qu'une ride est à une couverture de "Vogue": photoshopée!
Que penser de l'importance du déficit et de la dette, au regard du retour en force de la classe de masse des pauvres en France? Et, si l'on reste insensible au sort terrible de ces personnes, mesure-t-on le risque qu'elles font peser sur la société tout entière?
Addendum janvier 2013:
C'est Monsieur Chérèque, fidèle soutien syndical du PS, qui devient simultanément "Monsieur Pauvreté" du gouvernement et responsable du think tank "Terra Nova". Même dans le social, les conflits d'intérêts et autres népotismes n'effraient pas la gauce de droite...
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